Swisscoy : des missions à « haute valeur ajoutée »

 

Sylvie Perrinjaquet, Conseillère nationale, membre de la CPS.

 

Les informations contradictoires filtrent du DDPS et sèment le trouble au sujet de notre politique de sécurité. Le Rapport sur la politique de sécurité déçoit et ne propose toujours pas d’attribution claire des tâches de défense. Comme par hasard, des révélations sulfureuses sur des dérapages commis par des soldats du 21ème contingent de la Swisscoy sont sorties, histoire de démontrer l’inutilité de la présence suisse à l’étranger.

 

 

 

 

Echec, car les Parlementaires en visite au Kosovo du 16 au 18 mai 2010 ont pu apprécier ce pour quoi notre pays s’engage depuis 10 ans : la promotion de la paix. Leur conviction en est ressortie plus forte encore. Non seulement notre présence est utile, mais elle est appréciée tant par la population locale que par nos partenaires internationaux, et notre travail sur place constitue une excellente carte de visite pour notre armée.

 

Retrouver son identité, son indépendance et construire un Etat de droit a un prix : celui de la présence de forces internationales. C’est le cas au Kosovo où la KFOR est indispensable pour assurer la sécurité. Malgré les progrès, la situation demeure délicate. La reconstruction d’un pays nécessite du temps et la remise en marche de son économie davantage encore. Actuellement, plus de 40% de la population se trouve au chômage ; tout particulièrement les jeunes entre 18 et 25 ans. Cette donnée suffit à elle seule pour mesurer l’extrême fragilité du Kosovo renaissant. La présence militaire internationale permet de donner un cadre visible et rassurant à un vivre ensemble inéluctable que notre pays a cautionné en reconnaissant officiellement l’indépendance du Kosovo en 2008. La KFOR a pour tâche notamment de former une force de police kosovare qui devra être capable d’assurer la sécurité publique par la suite.

 

Nous partageons des valeurs autant que des intérêts avec l’Europe ; la stabilisation du Kosovo en fait partie. Loin de nous freiner, notre neutralité et notre indépendance doivent nous servir de moteur pour aider à créer ce que nous appelons de nos vœux : une vraie et solide démocratie, dans cette partie des Balkans aussi. Cela passe par la présence de la Swisscoy, dont les contingents sont composés de miliciens, apportant ainsi des compétences militaires autant que civiles. Nos soldats personnifient les fondements de la démocratie helvétique où tout un chacun participe à sa stabilité. Cette particularité fait référence auprès des Kosovars.

 

S’il y a dix ans, l’intervention relevait de l’urgence, les missions de la KFOR, et tout naturellement celles de la Swisscoy, ont évolué et c’est principalement la lutte contre toute cause de violence qui demeure prioritaire : criminalité, crime organisé, corruption, mais aussi chômage, toutes ces causes sont des facteurs de déstabilisation sociale.

 

La KFOR travaille aujourd’hui avec un objectif de durabilité : après avoir mis en place une situation de paix intérieure ces dix dernières années, elle vise clairement le maintien de cette stabilité. Avant d’envisager un retrait des troupes internationales, le socle doit être suffisamment solide pour que la reconstruction sociale, politique et économique accomplie jusqu’ici ne soit pas ruinée par une nouvelle flambée.

 

Dans le cadre des nouvelles structures de la KFOR, la Swisscoy endosse de nouvelles tâches que l’on peut qualifier de « haute valeur ajoutée ».

 

En premier lieu la participation avec ses équipes au déminage et à l’élimination de munitions non explosées. Ceci requiert des compétences techniques ainsi qu’un savoir-faire non négligeables et s’inscrit tout à fait dans un objectif de protection de la population civile.

 

Deuxièmement, la mise à disposition d’équipes de « liaison et monitoring » (LMT). Celles-ci ont pour mission de rendre compte de l’état d’esprit de la société locale en observant et en dialoguant avec la population. Ce travail se fonde sur des compétences civiles plutôt que militaires, mais est fondamental pour apprécier la situation en temps réel sur place et dépister des tensions entre les communautés. Les soldats suisses conviennent particulièrement à ce type de missions, car ils bénéficient d’un degré de confiance important auprès des habitants.

 

De manière générale, au yeux tant des Kosovars que de nos partenaires européens engagés, la Suisse offre des compétences particulièrement appréciées en matière de promotion de la pays grâce précisément à sa neutralité et surtout à l’absence de toute velléité expansionniste ou dominatrice dans son histoire politique. Les Chambres seront appelées à approuver la prolongation de l’engagement suisse au Kosovo pour un nouveau mandat au-delà de 2011. Au vu de ce que nous avons pu constater personnellement lors de notre visite à la Swisscoy, suite aux conversations avec les élus et responsables locaux ainsi qu’avec les commandants et partenaires des forces militaires européennes engagées sur place, il ne fait aucun doute que la présence suisse au Kosovo est non seulement indispensable, mais très appréciée et son retrait serait totalement incompris.