Situation extraordinaire, particulière ou normale ?

Depuis le mois de mai, la Suisse ne se trouve plus dans une "situation extraordinaire" mais dans une "situation particulière". Qu'est-ce que cela signifie ? Et pourquoi ne pouvons-nous pas revenir à une situation normale, s’interroge Ruedi Noser dans une question au Conseil fédéral.  
 

Le 16 mars, la "situation extraordinaire" a été déclarée afin de protéger la population, en vertu de l'article 7 de la loi sur les épidémies (LEp). Une décision historique, mais nécessaire pour maîtriser au plus vite la propagation rapide du coronavirus. Les conséquences sur la vie quotidienne de la population et sur l'économie ont été dramatiques. Tous les magasins, restaurants, bars, ainsi que les installations de divertissement et de loisirs ont été fermés, à l'exception des magasins d’alimentation et des établissements de santé. La liberté de circulation a été largement restreinte et des contrôles aux frontières ont été introduits avec tous nos pays voisins. De surcroît, le déploiement de 8000 militaires a été autorisé pour soutenir les cantons. Au vu des connaissances que nous avons déjà acquises, nous pouvons clairement affirmer que ces mesures ont été couronnées de succès, tout du moins d'un point de vue épidémiologique. 

Pourquoi le Conseil fédéral maintient-il la "situation particulière" ?

Le 27 mai, le Conseil fédéral a pris la décision logique de mettre fin à la "situation extraordinaire" le 19 juin 2020 et de revenir à la "situation particulière". À première vue, c'est une évolution très réjouissante. Néanmoins, après une brève réflexion, on se demande ce que cela signifie exactement pour nous, dans notre vie quotidienne, ainsi que pour les nombreuses entreprises. Quelle est exactement la différence entre une situation particulière et une situation extraordinaire ? Il n'est pas surprenant que cette décision ait créé une certaine incertitude et m'ait incité à demander au Conseil fédéral des réponses sur des points importants, via une question urgente.  

Il ne s'agit pas de juger les mesures du Conseil fédéral comme étant erronées, ni de suspendre les ordonnances Covid-19. Elles resteront en vigueur jusqu'à la fin de leur validité, même si la situation revient à normale. Je voudrais plutôt savoir pourquoi une telle étape intermédiaire, via la "situation particulière ", était nécessaire et pourquoi nous ne pouvons pas déjà revenir à une situation normale. Il est essentiel de connaître les conditions de la proclamation de la situation particulière à l’heure actuelle. Il ne faut pas oublier que le Conseil fédéral dispose de pouvoirs d'urgence étendus, même dans la situation particulière. Ceux-ci ne diminueront significativement que lorsque la situation reviendra à la normale. Alors, pourquoi le Conseil fédéral veut-il néanmoins maintenir cette "situation particulière" ? En attendant sa réponse, que nous espérons rapide, nous restons quelque peu dans l'ignorance. Un retour à la "situation normale" devient pourtant, de jour en jour, plus urgent, quelles que soient les réponses du Conseil fédéral. Il est donc important de garder un œil critique face aux décisions du gouvernement et de travailler de manière constructive pour atteindre un retour à la normale, en tenant évidemment toujours compte de la protection de la santé de la population.