Pour des enseignants de qualité !

 

Pierre-Weiss, Vice-Président du PLR.Les Libéraux-Radicaux

 

Les élèves ont besoin d’enseignants de qualité, voire d’excellence. Les entreprises aussi. Cela exige que plusieurs conditions difficiles soient remplies. Plaidoyer, avant la rentrée des classes, pour revaloriser une profession à la recherche d’elle-même et de successeurs.

 

 

 

 

En effet, circonstance aggravante, la pénurie structurelle menace, notamment pour les branches scientifiques. D’ici à 2020 en Suisse, environ 25 000 enseignants, soit plus du tiers des effectifs de l’école obligatoire (écoles primaires et cycles d’orientation), prendront leurs retraites . Sans compter les démissions ou les découragés. Qui attirer, et comment, vers ce qui devrait redevenir l’un des plus nobles métiers du monde ?

 

Les têtes bien faites ne naissent pas par génération spontanée. Il ne suffit pas d’avoir des bâtiments scolaires bien équipés. Ni d’adopter des programmes adaptés au temps présent tout en garantissant la maîtrise des compétences de base (lire, écrire, compter). Ni de renoncer à des outils pédagogiques inefficaces, par exemple pour l’enseignement des langues, quand on peut développer l’enseignement bilingue.

 

En fait, la condition sine qua non d’une école de qualité consiste à s’appuyer sur des enseignants de qualité. Le problème commence à faire surface en Allemagne. Selon une étude qui y a fait du bruit , « seuls les enseignants des gymnases ont une note de maturité aussi bonne que les autres diplômées universitaires ; en revanche, les enseignants de l’école obligatoire obtiennent des résultats nettement plus mauvais ». Des études menées aux USA vont dans le même sens. Bigre !

 

Ce recrutement médiocre, du moins à l’étranger, se combine avec une formation contestée. Insuffisante en durée, selon le président de l’Association faîtière des enseignants suisses . Voire en contenu. Restant dans son rôle, le même se plaint aussi de la durée du travail et de la rémunération.

 

Il serait insuffisant de lui répondre « quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me console ». Mais croire en l’efficacité d’une politique consistant à certifier la formation, payer davantage et améliorer les conditions de travail relève de la fausse priorité, sinon de l’illusion. Il y a tant de raisons à ce qu’elle échoue, des raisons données par le « pied invisible » de tous les adversaires d’une réelle amélioration du système scolaire.

 

La priorité consiste plutôt à garantir aux enseignants actuels et plus encore futurs des conditions de base à l’exercice de ce métier. Parmi celles-là, le salaire n’est pas le premier levier, car des comparaisons internationales montrent le niveau élevé atteint par la Suisse en la matière. La sécurité, au sens du respect de l’intégrité physique, n’a pas encore atteint le niveau dégradé des banlieues françaises.

 

En revanche, l’accent est à mettre sur l’estime de soi liée au respect par les autres, notamment par les parents. Trop, parmi ces derniers, n’ont en effet qu’un sens léger de leurs responsabilités et une considération minimale pour l’école et ses acteurs. Un recours, c’est si facile…

 

Et surtout, enseigner doit redevenir la source d’une récompense intrinsèque, le motif d’une satisfaction quotidienne. On ne devient pas enseignant pour gagner de l’argent, on ne le reste pas pour une poignée de dollars de plus, on en fait son métier parce qu’on aime les enfants, le savoir, sa transmission. Qui débouche sur cette incroyable satisfaction qu’éprouve le sculpteur quand une tête naît de la glaise modelée par ses mains.