Cleantech : champ de recherche et développement stratégique pour la Suisse


Laurent Favre
Conseiller national VD

 

 

 

Sans aborder la question des réserves mondiales de brut, la catastrophe du golfe du Mexique nous rappelle l’enjeu environnemental lié à notre dépendance pétrolière. Dès lors et sans revenir sur les objectifs de réduction du CO2 fixés par le Parlement, le développement des technologies durables (Cleantech) et la relance de la production électrique dans le pays s’imposent.

 

 

 

Produire de l’électricité émettant peu de CO2 c’est bien mais devenir fournisseur de technologies Cleantech à l’export c’est encore mieux. En 2005, cette industrie générait déjà plus de 1000 milliards d’euro de chiffre d’affaires au niveau planétaire. Le marché continuera à se développer de manière dynamique. Nous exportons aujourd’hui pour quelque 1.4 milliards de francs de marchandises. Le secteur occupe près de 12'500 personnes.

Ainsi, notre place d’innovation helvétique est bien positionnée pour la recherche dans les énergies renouvelables et autres technologies durables. Nombreuses sont les équipes d’ingénieurs travaillant avec succès dans le photovoltaïque, la géothermie, les piles à combustibles, les réseaux intelligents (smartgrids), les composantes de turbines et autres motorisations hybrides. Il s’agit aussi de saluer les investissements des entreprises privées, en citant les projets Desertec, Solar impulse, Planet solar et Belenos de M. Nicolas Hayek.

Dans ce marché très prometteur pour notre économie, notamment en microtechnique et nanotechnologies, il n’est pas acceptable que la Confédération continue de réaliser des coupes budgétaires. En 15 ans, les moyens publics alloués à la recherche énergétique sont passés de 220 à 156 millions. Par ailleurs, le nouveau programme de consolidation des finances fédérales prévoit une diminution de 10 millions des fonds CTI visant la recherche appliquée entre les Hautes écoles et les entreprises privées. Cette coupe est clairement et justement contestée par l’organisation faîtière Swissmem.

En cette situation, il me paraît capital de générer des moyens pour continuer d’appuyer la recherche fondamentale et appliquée via les Hautes écoles (EPF, Uni et HES) et les entreprises privées. Pour ce faire, il serait possible de prélever des montants dans le fonds de « Rétribution à prix coûtant (RPC) » qui sert à subventionner la production électrique renouvelable en Suisse. Vu la lenteur des procédures administratives et les nombreuses et malheureuses oppositions aux projets de production d’énergie renouvelable, le fonds ne sera pas utilisé complètement avant 2015. Dès lors, dans cet intervalle, un prélèvement complémentaire permettrait d’obtenir le financement nécessaire à une continuité dans l’innovation technologique, ceci sans nouvelles charges pour les finances fédérales. A ces fins, une proposition parlementaire sera déposée par mes soins en cette fin de session d’été.